
Le discours ambiant autour du tarif jaune entretient une confusion coûteuse pour les décideurs. Entre promesses de retour et réalité réglementaire, la frontière reste floue pour la majorité des professionnels cherchant à optimiser leur facture énergétique. Cette opacité n’est pas un hasard : elle arrange autant les fournisseurs que les comparateurs superficiels qui vendent de la simplicité là où la complexité exige de la rigueur.
La vraie question ne porte pas sur la disponibilité du tarif jaune, mais sur votre capacité à distinguer le mythe commercial de la décision éclairée. Depuis février 2025, une nouvelle législation a effectivement élargi l’accès aux tarifs réglementés professionnels, mais sous conditions strictes rarement explicitées. Ce changement réglementaire ne résout qu’une partie du problème : il reste à déterminer si votre profil opérationnel justifie cette option, et surtout comment éviter les pièges d’une comparaison superficielle.
Cet article déconstruit les idées reçues pour identifier les vrais critères d’arbitrage adaptés à votre réalité opérationnelle. Vous découvrirez pourquoi ce que vous croyez savoir sur le tarif jaune repose souvent sur des approximations marketing, comment cartographier votre consommation réelle plutôt qu’estimée, et quels leviers de négociation méconnus peuvent transformer un tarif standard en solution sur-mesure.
Le tarif jaune professionnel en 5 points essentiels
- Le tarif jaune réglementé historique a définitivement disparu en 2016, remplacé par des offres de marché utilisant l’appellation
- La loi de février 2025 rouvre l’accès aux tarifs réglementés uniquement pour les TPE de moins de 10 salariés et 2M€ de CA
- Votre profil de consommation réel diffère souvent radicalement de vos estimations, faussant tout arbitrage tarifaire
- Les comparateurs standardisés ignorent trois variables critiques : architecture temporelle des prix, pénalités de dépassement et flexibilité contractuelle
- Les contrats C4/C5 restent largement négociables selon votre volume et vos leviers d’engagement
Le tarif jaune n’est jamais vraiment revenu : décryptage d’une confusion entretenue
La chronologie réglementaire révèle une réalité que la majorité des discours commerciaux occultent volontairement. En janvier 2016, la loi NOME a supprimé définitivement les tarifs réglementés jaune et vert pour toutes les installations de puissance supérieure ou égale à 36 kVA. Cette disparition n’était pas temporaire, mais structurelle : le cadre juridique du tarif réglementé historique a cessé d’exister pour ces segments.
Entre 2016 et 2024, aucun tarif réglementé n’existait pour les entreprises concernées. Toutes ont basculé obligatoirement vers des offres de marché, négociées de gré à gré avec les fournisseurs. Pourtant, la terminologie « tarif jaune » a persisté dans le vocabulaire commercial, créant l’illusion d’une continuité qui n’a jamais eu lieu. Cette stratégie de réassurance par la notoriété visait les décideurs ayant connu l’ancien système, leur offrant un repère familier dans un marché devenu complexe.
La loi n°2024-330 de février 2025 a effectivement réintroduit un tarif réglementé, mais dans un périmètre radicalement restreint. Ce nouveau dispositif ne concerne que les TPE de moins de 10 salariés et 2 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. La limite de puissance souscrite de 36 kVA a été supprimée pour ce segment spécifique, permettant à des installations plus importantes d’y accéder sous réserve de respecter les critères de taille d’entreprise.
supprime la limite de puissance souscrite de 36 kVA, permettant ainsi à toutes les TPE et assimilées de moins de 10 équivalents temps plein (ETP) et 2 millions d’euros de budget d’en bénéficier
– Médiateur de l’Energie, Rapport 2025
Pourtant, la confusion persiste dans l’esprit de la majorité des professionnels concernés. Une étude 2024 menée par VERTONE et Qualimétrie révèle que seulement 6% des entreprises concernées savent qu’elles peuvent accéder aux nouveaux tarifs réglementés. Cette méconnaissance massive s’explique par l’absence de communication proactive des fournisseurs, contraints par les règles de concurrence imposées par l’État.
| Période | Statut tarif jaune | Base légale | Entreprises éligibles |
|---|---|---|---|
| Avant janvier 2016 | Tarif réglementé actif | TRV historique | Toutes entreprises 37-250 kVA |
| 2016-2024 | Suppression totale | Loi NOME | Aucune (passage offres marché) |
| Depuis février 2025 | Nouvelle version limitée | Loi n°2024-330 | TPE <10 salariés, <2M€ CA |
Les vraies appellations actuelles sont les offres C4 pour les puissances de 36 à 250 kVA et C5 pour les puissances supérieures à 250 kVA. Ces catégories de marché ont remplacé l’ancien tarif jaune avec une structure tarifaire totalement différente : segmentation horaire plus fine, composantes de prix multiples, indexation sur des mécanismes de marché complexes. Comparer le tarif jaune historique à ces offres modernes revient à comparer deux systèmes sans véritable point commun.
L’impact sur votre recherche est donc fondamental : vous ne comparez pas un tarif réglementé contre des offres de marché, mais différentes offres de marché entre elles, dont l’une peut éventuellement porter le label réglementé si vous respectez les critères d’éligibilité 2025. Cette clarification change radicalement votre posture décisionnelle et les critères d’arbitrage pertinents.
Vérifier votre éligibilité réelle au nouveau dispositif 2025
- Vérifier votre effectif salarié (moins de 10 salariés en ETP)
- Contrôler votre chiffre d’affaires annuel (inférieur à 2M€)
- Confirmer votre raccordement en basse tension
- Vérifier votre puissance souscrite (entre 37 et 250 kVA)
- Préparer l’attestation d’éligibilité électronique obligatoire
Cartographier votre profil de consommation réel, pas celui que vous imaginez
La majorité des entreprises fondent leur arbitrage tarifaire sur des estimations approximatives de leur consommation. Ces projections reposent souvent sur des moyennes annuelles fournies par les commerciaux, ignorant la variabilité temporelle qui constitue pourtant le cœur des mécanismes de tarification moderne. Cette approximation transforme une décision stratégique en pari risqué.
L’accès aux compteurs communicants Linky pour les installations professionnelles offre désormais une opportunité rarement exploitée : extraire votre courbe de charge réelle sur au minimum 12 mois. Cette donnée factuelle révèle vos patterns de consommation effectifs, heure par heure, permettant d’identifier les écarts entre perception et réalité. La démarche implique de vous connecter à votre espace client Enedis, sélectionner la fonction de suivi des mesures, puis télécharger l’historique complet au format exploitable.
L’analyse de cette courbe de charge révèle systématiquement des surprises. Les cycles de production créent des pics de consommation concentrés sur des plages horaires spécifiques, souvent alignées malheureusement sur les heures de pointe tarifaire les plus coûteuses. La saisonnalité liée au chauffage en hiver ou à la climatisation en été génère des variations mensuelles pouvant atteindre 40 à 60% entre mois extrêmes. Les événements exceptionnels comme le lancement d’une nouvelle machine ou une campagne promotionnale intensive créent des pics imprévus qui explosent les moyennes annuelles lissées.
Les entreprises françaises sont pourtant directement concernées par ces enjeux d’optimisation. Les données INSEE 2025 confirment que 99,9% des entreprises en France sont des TPE/PME, segment caractérisé par des ressources limitées pour piloter finement la dimension énergétique. Cette réalité statistique explique pourquoi la majorité se contente d’estimations superficielles, laissant des marges d’optimisation substantielles inexploitées.

L’interprétation correcte de votre profil nécessite d’éviter trois erreurs courantes d’évaluation. Premièrement, sous-estimer les heures de pointe tarifaire en négligeant que votre activité se concentre précisément sur ces plages coûteuses. Deuxièmement, confondre puissance souscrite contractuelle et puissance réellement appelée, deux notions distinctes dont le décalage génère soit des pénalités soit un surcoût d’abonnement inutile. Troisièmement, mélanger kilowatts (kW) mesurant la puissance instantanée et kilowattheures (kWh) mesurant l’énergie consommée, erreur conceptuelle faussant toute simulation comparative.
La grille de qualification pertinente classe les profils selon leur prévisibilité temporelle. Un profil tertiaire stable comme un bureau présente une consommation régulière concentrée sur les heures ouvrées en semaine. Un profil industriel cyclique alterne des phases de production intensive et d’arrêt technique, avec des variations hebdomadaires marquées. Un profil mixte combinant activité de service et fabrication juxtapose plusieurs patterns, complexifiant l’optimisation. Identifier précisément votre catégorie change radicalement le type d’offre pertinent et les leviers d’optimisation activables.
| Profil consommation | Prix moyen €/MWh | Evolution 2025 |
|---|---|---|
| Profil Jaune base saisonnalisé | 119€ | Stable |
| Profil Vert A5 base moyen | 99€ | -2% |
| Profil Vert A5 saisonnalisé | 102€ | Stable |
Les trois critères d’arbitrage que votre comparateur en ligne ignore
Les comparateurs standardisés réduisent l’arbitrage tarifaire à deux variables simplistes : le prix unitaire du kilowattheure et le montant de l’abonnement mensuel. Cette réduction transforme une décision multidimensionnelle en calcul arithmétique élémentaire, ignorant les mécanismes qui déterminent réellement votre facture finale. Pour les installations moyennes et grandes, cette approximation conduit systématiquement à des conclusions erronées.
Le premier critère négligé concerne l’architecture temporelle des prix. Les offres professionnelles segmentent l’année en plages horaires et saisonnières appliquant des tarifs radicalement différents. Une même offre peut proposer un kilowattheure à 0,12€ en heures creuses d’été et 0,25€ en pointe hivernale, soit un écart de plus de 100%. Votre facture réelle dépend donc de la correspondance entre votre courbe de charge spécifique et ces plages tarifaires. Une entreprise consommant majoritairement en heures creuses valorisera une offre que rejettera une autre concentrée sur les heures pleines, même si le prix moyen affiché semble identique.
Cette réalité s’illustre concrètement dans le secteur alimentaire. Une boulangerie utilisant l’offre Matina d’EDF bénéficie d’heures « super creuses » tarifées avantageusement entre 3h et 6h du matin. Cette plage correspond précisément aux horaires de pétrissage et de cuisson, générant selon les retours d’exploitation une économie moyenne de 15% sur la facture annuelle comparée à une offre standard. Cet alignement temporel entre pattern de consommation et structure tarifaire crée un avantage compétitif invisible dans un comparateur générique.
Le deuxième critère ignore concerne la gestion des dépassements de puissance. Votre contrat définit une puissance souscrite maximale, mais votre activité peut générer des pics instantanés dépassant cette limite contractuelle. Ces événements déclenchent des pénalités financières dont le montant et les modalités varient considérablement entre fournisseurs. Certains appliquent des malus dès le premier dépassement, d’autres tolèrent quelques occurrences mensuelles, d’autres encore proposent des systèmes de lissage. Si votre activité comporte des pics imprévisibles liés à des commandes exceptionnelles ou des process aléatoires, cette variable peut générer des surcoûts annuels de plusieurs milliers d’euros totalement absents de la simulation initiale.

Le troisième critère porte sur les clauses de révision et la flexibilité contractuelle. Les contrats professionnels comportent des durées d’engagement de un à quatre ans, des mécanismes d’indexation sur différents indices de marché, et des conditions de renégociation ou de sortie anticipée très variables. Une offre indexée sur l’ARENH offre une prévisibilité relative mais limite les opportunités de baisse, tandis qu’une indexation sur le marché spot expose à la volatilité tout en permettant de capter les périodes favorables. Si votre activité connaît une croissance rapide, un déménagement prévu ou une évolution stratégique, la rigidité contractuelle peut transformer une offre initialement attractive en piège coûteux.
La simulation comparative révèle pourquoi le prix affiché trompe. Considérez deux offres : la première affiche un kilowattheure à 0,15€ avec architecture temporelle inadaptée à votre profil, pénalités strictes de dépassement et engagement rigide de trois ans. La seconde affiche 0,17€ mais avec plages horaires alignées sur votre consommation, tolérance aux pics et sortie possible sous trois mois. Sur une consommation annuelle de 200 MWh avec 5% en heures de pointe et deux dépassements mensuels, la première générera une facture de 32 000€ contre 29 500€ pour la seconde, inversant totalement la conclusion du comparateur simpliste.
Analyser les clauses contractuelles critiques
- Identifier les pénalités de dépassement de puissance dans le contrat
- Vérifier les conditions de révision tarifaire (indexation ARENH ou spot)
- Analyser la durée d’engagement et les frais de résiliation anticipée
- Contrôler les clauses d’évolution en cas de changement d’activité
Négocier au-delà du tarif affiché : vos leviers contractuels méconnus
Le discours dominant présente les offres professionnelles comme des grilles tarifaires standardisées, non négociables, à prendre ou à laisser. Cette représentation arrange les fournisseurs en simplifiant leur gestion commerciale, mais elle occulte une réalité fondamentale : les contrats C4 et C5 restent largement négociables pour les entreprises disposant de leviers pertinents. Ignorer cette dimension revient à accepter un surcoût structurel évitable.
Les seuils de consommation qui ouvrent réellement la négociation se situent généralement au-delà de 100 MWh annuels. En dessous de ce volume, les fournisseurs appliquent mécaniquement leurs grilles standard, considérant que le coût de traitement individualisé dépasse le gain potentiel. Entre 100 et 500 MWh, une marge de manœuvre apparaît pour les entreprises capables de présenter des garanties d’engagement ou d’apporter du volume additionnel. Au-delà de 500 MWh, la négociation devient systématique et peut déboucher sur des remises substantielles de 10 à 15% sous le tarif catalogue.
Plusieurs leviers de négociation s’avèrent activables selon votre situation spécifique. L’engagement pluriannuel constitue le premier : accepter de bloquer votre contrat sur trois ou quatre ans garantit au fournisseur une visibilité qui justifie une remise immédiate. Le groupement d’achats entre plusieurs sites ou filiales permet de massifier le volume et d’améliorer votre pouvoir de négociation. L’acceptation de clauses d’interruptibilité, où vous autorisez le fournisseur à réduire temporairement votre fourniture en cas de tension réseau contre compensation financière, ouvre des réductions pouvant atteindre 5 à 8%.

La négociation ne se limite pas au prix unitaire du kilowattheure. Vous pouvez demander un lissage des factures mensuelles pour éviter les variations saisonnières impactant votre trésorerie. Les conditions de sortie anticipée méritent discussion, notamment pour obtenir une clause d’évolution permettant de renégocier sans pénalité en cas de changement majeur d’activité. L’accompagnement en efficacité énergétique, avec audit gratuit et conseil en optimisation, représente une valeur ajoutée substantielle rarement monétisée mais négociable. La garantie d’origine renouvelable, désormais exigée par de nombreux donneurs d’ordre dans leurs cahiers des charges RSE, peut souvent s’obtenir sans surcoût si elle fait partie d’un package global.
Le contexte réglementaire récent offre paradoxalement des opportunités. La délibération CRE d’août 2025 acte une baisse de 2,49% hors TVA mais une quasi-stabilité TTC avec seulement +0,07%, créant une pression concurrentielle sur les fournisseurs alternatifs qui doivent désormais s’aligner ou justifier leurs écarts. Cette fenêtre temporaire favorise les renégociations pour les contrats arrivant à échéance.
EDF, en tant que fournisseur historique, ne peut pas promouvoir directement ces offres pour respecter les règles de concurrence imposées par l’État
– Cabinet VERTONE, Analyse marché février 2025
Cette contrainte réglementaire pesant sur EDF crée un déséquilibre informationnel dont vous pouvez tirer parti. Les fournisseurs alternatifs, non soumis à cette restriction, peuvent communiquer agressivement sur leurs offres mais manquent souvent de l’infrastructure et de la stabilité du fournisseur historique. Jouer cette tension concurrentielle en mettant les acteurs en compétition constitue votre principal levier.
| Volume annuel | Marge négociation | Leviers disponibles |
|---|---|---|
| <100 MWh | Faible (0-5%) | Durée engagement |
| 100-500 MWh | Moyenne (5-10%) | Groupement, pluriannuel |
| >500 MWh | Forte (10-15%) | Tous leviers + sur-mesure |
La stratégie de mise en concurrence efficace suit un calendrier précis. Lancez votre consultation quatre à six mois avant l’échéance contractuelle pour disposer du temps nécessaire à l’analyse comparative. Sollicitez au minimum trois fournisseurs en leur fournissant votre courbe de charge réelle et vos contraintes opérationnelles spécifiques. Exigez une décomposition détaillée des prix par poste pour comparer sur des bases identiques. Organisez un premier tour de négociation puis revenez vers les deux finalistes avec les meilleures offres concurrentes pour obtenir une dernière amélioration. Cette mise en tension prend du temps mais génère typiquement une économie finale de 8 à 12% comparée à l’acceptation de la première proposition reçue.
L’expérience de la crise 2022-2023 illustre les conséquences d’une absence de négociation préventive. Les boulangeries et petites industries non éligibles au bouclier tarifaire réservé au Tarif Bleu ont subi des hausses atteignant 300% en quelques mois, faute de clauses de plafonnement négociées dans leurs contrats. Certaines ont dû cesser temporairement leur activité, incapables d’absorber la charge financière. Cette volatilité extrême démontre l’importance de négocier non seulement le prix mais aussi les mécanismes de protection contre les variations brutales, aujourd’hui redevenus accessibles dans un marché stabilisé mais qui peuvent ressurgir à tout moment.
À retenir
- Le tarif jaune réglementé de 2025 ne concerne que les TPE de moins de 10 salariés et 2M€ de CA, très loin de l’ancien dispositif universel
- Votre courbe de charge réelle accessible via Linky révèle des écarts de 40 à 60% avec les estimations commerciales qui faussent tout arbitrage
- L’architecture temporelle des prix, les pénalités de dépassement et la flexibilité contractuelle impactent davantage votre facture que le prix unitaire affiché
- Les contrats professionnels C4/C5 restent négociables à partir de 100 MWh annuels avec des marges pouvant atteindre 10 à 15%
- Une mise en concurrence structurée sur 4 à 6 mois génère une économie moyenne de 8 à 12% comparée à l’acceptation passive des grilles tarifaires
Construire votre arbre de décision personnalisé en quatre questions
La masse d’informations techniques et commerciales disponibles sur les tarifs professionnels génère plus de confusion que de clarté pour la majorité des décideurs. Face à cette complexité, la tentation consiste à déléguer intégralement la décision à un courtier ou à se replier sur le fournisseur historique par défaut. Ces deux solutions évitent l’effort d’analyse mais abandonnent toute maîtrise stratégique de votre poste énergétique.
La première question détermine le seuil de pertinence de votre démarche : votre puissance souscrite et votre consommation annuelle justifient-elles l’effort d’une analyse avancée ou une offre PME standard suffit-elle ? En dessous de 36 kVA de puissance souscrite et 50 MWh de consommation annuelle, vous restez éligible au Tarif Bleu réglementé qui offre généralement le meilleur rapport simplicité-prix. Entre 36 et 100 kVA avec 50 à 150 MWh annuels, une analyse sommaire des offres C4 disponibles suffit, la marge d’optimisation restant limitée à 5-8%. Au-delà de 100 kVA et 150 MWh, l’analyse approfondie et la négociation deviennent rentables, le gain potentiel dépassant largement le coût en temps et expertise mobilisée.
La deuxième question évalue la compatibilité temporelle entre votre profil réel et les structures tarifaires proposées : votre courbe de charge valorise-t-elle réellement les plages heures creuses ou êtes-vous structurellement concentré sur les heures pleines ? Si votre consommation se répartit uniformément sur l’ensemble des plages horaires, une offre à prix unique simplifiera votre gestion sans perte financière. Si au contraire vous pouvez décaler 30% ou plus de votre consommation vers les heures creuses grâce à des ajustements organisationnels mineurs comme le lancement de certains équipements en nocturne, une offre à plages multiples optimisera substantiellement votre facture.
La troisième question interroge votre horizon de prévisibilité : votre activité est-elle stable favorisant un engagement long, en croissance nécessitant de la flexibilité, ou volatile exigeant des contrats courts ? Une activité mature avec des volumes prévisibles sur trois ans bénéficiera pleinement d’un contrat pluriannuel à prix fixe ou indexé modérément, sécurisant votre budget. Une entreprise en développement rapide privilégiera des contrats d’un an renouvelables pour adapter régulièrement sa puissance souscrite et son volume sans pénalité. Une activité cyclique ou exposée à des aléas conjoncturels choisira des formules courtes même légèrement plus coûteuses pour préserver sa réactivité.
La quatrième question porte sur votre maturité énergétique interne : disposez-vous des ressources humaines et techniques pour piloter finement votre consommation, justifiant des offres complexes mais optimisables, ou cherchez-vous avant tout la simplicité favorisant des formules forfaitaires ? Si vous employez ou pouvez mobiliser une compétence capable d’analyser mensuellement votre facture détaillée, d’identifier les dérives et d’ajuster les comportements, les offres avec multiples composantes tarifaires et bonus de performance deviendront des leviers d’optimisation continue. Si cette ressource fait défaut et le restera à moyen terme, une offre simple à prix global stable évitera les mauvaises surprises liées à une gestion approximative.
| Type entreprise | Baisse moyenne TRV | Économie annuelle estimée |
|---|---|---|
| TPE <36 kVA | -18% HT | 500-1500€ |
| PME 37-250 kVA | -15% moyenne | 2000-8000€ |
| Copropriétés | Variable | Non communiqué |
La matrice de décision finale synthétise ces quatre dimensions en recommandations concrètes. Si vous cumulez faible volume, consommation uniforme, activité stable et faible maturité énergétique, privilégiez le Tarif Bleu réglementé si éligible ou une offre PME simple chez un fournisseur alternatif reconnu. À l’opposé, si vous présentez un volume substantiel, une forte modulation temporelle possible, une croissance maîtrisée et une capacité de pilotage interne, engagez une mise en concurrence approfondie ciblant les fournisseurs capables de construire une offre sur-mesure avec accompagnement en efficacité énergétique.
Entre ces deux extrêmes, les situations intermédiaires nécessitent des arbitrages nuancés. Un volume moyen avec forte saisonnalité mais faible pilotage orientera vers une offre à deux plages horaires maximum avec lissage mensuel des factures. Une petite consommation mais activité volatile favorisera un contrat court au Tarif Bleu tant que l’éligibilité persiste, puis un passage en offre de marché courte dès le dépassement des seuils. Cette personnalisation de la décision selon votre profil multidimensionnel constitue la seule approche permettant d’échapper aux conseils génériques inadaptés à votre réalité opérationnelle spécifique.
La mise en œuvre opérationnelle commence par l’identification du fournisseur prioritaire selon votre profil. Pour les TPE éligibles au nouveau tarif réglementé 2025, contactez directement EDF malgré l’absence de promotion active pour vérifier votre éligibilité précise et obtenir les conditions tarifaires exactes. Pour les profils moyens en recherche de simplicité, sollicitez en parallèle deux fournisseurs alternatifs reconnus pour leur service client et leur stabilité financière. Pour les gros consommateurs engageant une négociation structurée, constituez un dossier complet incluant courbe de charge sur 24 mois, projection d’activité sur trois ans et contraintes opérationnelles spécifiques, puis consultez simultanément quatre à cinq acteurs incluant EDF, deux alternatifs majeurs et deux spécialistes de votre secteur.
Cette méthodologie décisionnelle structurée transforme une démarche anxiogène en processus maîtrisé. Elle substitue à l’incertitude paralysante une séquence logique d’étapes franchissables progressivement. Elle permet surtout de justifier rationnellement votre choix auprès de votre hiérarchie ou de votre conseil d’administration, démontrant qu’il résulte d’une analyse rigoureuse plutôt que d’une intuition ou d’une recommandation commerciale intéressée. Dans un contexte où l’ouverture du marché de l’électricité a complexifié le paysage concurrentiel, cette rigueur méthodologique constitue votre principal actif pour transformer la complexité apparente en opportunité d’optimisation réelle. Pour aller plus loin dans cette démarche d’optimisation contractuelle, vous pouvez optimisez votre contrat énergie en vous appuyant sur des professionnels spécialisés dans l’arbitrage des offres professionnelles.
Questions fréquentes sur le tarif jaune professionnel
Comment accéder à ma courbe de charge réelle sur Linky ?
Connectez-vous à votre espace client Enedis, sélectionnez « Suivre mes mesures » puis « Télécharger mes données » pour obtenir votre historique détaillé sur 36 mois maximum au format CSV exploitable.
Quelle différence entre puissance souscrite et puissance appelée ?
La puissance souscrite est votre limite contractuelle fixée à l’abonnement, la puissance appelée est votre consommation réelle instantanée mesurée par le compteur qui peut générer des pénalités tarifaires si elle dépasse régulièrement la souscrite.
Puis-je revenir au tarif réglementé après être passé en offre de marché ?
Oui, si vous restez éligible selon les critères 2025 soit TPE de moins de 10 salariés et 2 millions d’euros de chiffre d’affaires, vous pouvez revenir au tarif réglementé sans frais ni coupure d’alimentation, avec un délai de mise en œuvre maximum de 21 jours ouvrés.
Comment savoir si mon devis est réellement compétitif ?
Utilisez les simulateurs en ligne comparant votre proposition au tarif jaune de référence disponible publiquement, ou sollicitez au minimum trois devis concurrents pour créer une base de comparaison factuelle. Un écart de 5 à 10% sous le tarif réglementé équivalent constitue généralement une proposition intéressante pour les profils standards.